
Depuis plusieurs décennies, les affrontements entre forces armées bouleversent les populations civiles de la République Démocratique du Congo créant ainsi des conséquences très néfastes sur leur santé, leurs finances et surtout sur leur sécurité. Dans cette mesure, la jeunesse représentant 68% de la population en générale se trouve dans l’obligation de jouer un rôle majeur pour la mise en œuvre de la paix durable ; pour ce faire, il est donc impérieux que la jeunesse s’approprie la Rés2250 des Nations Unies sur la paix, la jeunesse et la sécurité, outil fondamental qu’elle détient pour la résolution des conflits.
Il est cependant vrai qu’étant dans une crise sécuritaire persistante et dévastatrice, les jeunes congolais ont été comptés parmi les victimes et rendus vulnérables face à certaines réalités du terrain tel que celles liées au taux élevé du chômage les poussant ainsi à la délinquance juvénile, la peur du lendemain incertain et la terreur suite aux atrocités que certains jeunes congolais vivent, surtout dans sa partie Est, victime des violences depuis trois décennies déjà. Ce contexte a entraîné un désintérêt partiel ou total des jeunes à la consolidation de la paix et à leur participation effective au processus conduisant à la stabilité durable. Plongés dans le désespoir, certains jeunes participent aux conflits en se faisant recruter dans les groupes armés, d’autres instrumentalisés dans les conflits identitaires et communautaires et participent par ce fait même à de graves violations des droits humains et d’autres en sont victimes. C’est ainsi que par exemple lorsque des jeunes filles sont violées et discriminées, aucune autre femme survivante ou non ne voudra dénoncer ces faits atroces par peur de ne pas subir le même sort… ; mais aussi la manipulation que subit la jeunesse congolaise n’est pas moins inquiétante dans ce contexte des violations graves des droits de l’Homme, car ceci aura comme cause le faible encadrement de la jeunesse et sa non-participation à la gestion des affaires publiques de son pays. Ce qui les éloigne de plus en plus du rôle à jouer dans le retour de la paix conformément aux articles 4,5,6,7 et 8 de la Res2250.
Politiquement parlant, l’on constate la non implication des jeunes dans les consultations pouvant conduire aux réformes liées à la justice, à l’éducation, non plus aux négociations de paix alors que les jeunes sont à la fois acteurs et victimes des conflits.
Toute somme faite, d’une part les jeunes devraient être des acteurs actifs dans la résolution des conflits en ce sens que leur apport devra être mis en valeur par les autorités étatiques et non étatiques mais aussi ces dernières devront éduquer cette jeunesse par des campagnes de sensibilisation, des conférences, des formations adaptées, des colloques sur la paix et la Rés2250 car bon nombre des jeunes n’ont pas de connaissance dans ce secteur.
D’autre part, les jeunes doivent prendre conscience du rôle qu’ils sont appelés à jouer dans la cohésion sociale, la paix et la sécurité publiques et ne pas s’exposer à la manipulation et aux antivaleurs tant décriées (drogues, alcool, groupes armés, vol à mains armées, …).
Pour l’effectivité de la Rés 2250, il faut faire de la paix une affaire collective qui concerne toute la population congolaise sans distinction d’âge, d’appartenance ethnique, religieuse ou tribale et les former sur le processus de résolution pacifique des conflits et non les exploiter dans les mouvements subversifs. L’éducation à la citoyenneté responsable, aux droits et aux droits humains, à la bonne gouvernance et au leadership donnera à la RD Congo une jeunesse consciente et responsable !
Par ces défis majeurs bien que non exhaustifs que relève la guerre en République Démocratique du Congo, la jeunesse doit se lever et défendre la patrie à travers l’appropriation des instruments juridiques tant internationaux que nationaux que OGDH envisage de mettre à sa disposition ; elle ne doit guère céder à la manipulation dans les conflits présents et à venir.
Par Wanny KALUMUNA
Chargée de Suivi-Evaluation OGDH-RDC